- My name is ? My name is ?
- My name is Baptiste !
Je suis dans un petit village perdu dans les montagnes, entouré d’une douzaine d’enfants tadjiks entre 4 et 10 ans et je me revois devant ma première classe à Genève, où 9 petites paires d’yeux m’observaient à l’entrée de leur salle de classe. Comme j’ai pu avoir peur ce jour-là, peur de les décevoir, de les laisser sans réponses dans un monde qui en demande tant, ces 9 paires d’yeux qui avaient mille questions, mille pourquoi sur le bout des cils.
Je devais pendant 1 journée, une toute petite journée, être celui qui ne doute pas, qui répond fermement, je devais être un exemple moi qui me sentais si désarmé.
Ma confiance en moi avait un coup dans l’aile et ma bouche se faisait aussi sèche qu’un jour de grand vent. Il fallait alors dire quelque chose, commencer quelque part, leur donner une première réponse à eux si avides de paroles, me fixant, perdus de ne pas reconnaître le sourire de leur maitresse habituelle.
- Je m’appelle Baptiste, et je remplace votre maitresse pour 1 journée.
Deux réponses, ouf, les yeux s’éclairent, une main timide se lève et un courageux demande :
- Baptista ? Comme le catcheur ?
Je souris. Oui comme le catcheur. Excepté qu’actuellement je donnerais n’importe quoi pour être à la place de ce bon vieux Baptista sur un ring où tout est théâtre et mise en scène plutôt qu’ici ou mon adversaire est ma peur et où vous, petits catcheurs en herbe, vous avez dans les yeux quelque chose de bien plus impressionnant que l’agressivité feinte des lutteurs bodybuildés en slips violets et cagoules.
Comme j’aimerais te revoir dans une quinzaine d’année, toi petite tête brune au premier rang, demandant crânement si j’étais catcheur, te revoir et te remercier. Pour m’avoir permis de donner une première réponse si simple, articulée en quelques mots et me réfugier dans l’humour là où je me voyais déjà devoir répondre aux questions existentielles qui vous animaient probablement déjà sans le savoir.
- Oui comme le catcheur, sauf que moi ça ne s’écrit pas avec « a » à la fin et que comme tu peux le voir j’ai troqué mes habits de catch contre ce pull et se pantalon parce que aujourd’hui mon rôle à moi c’est de vous aider de mon mieux.
- Ouaaah ! Vraiment ?
- Qu’en penses-tu, j’ai vraiment l’air d’un catcheur ?
(reflexion intense)
- Non tu as l’air gentil… et t’es moins musclé.
Sais-tu, toi dont j’ai oublié le nom alors que tu me le demandais, que tu as été mon sauveur dans cette classe où, sur les 9 que vous étiez, seul 2 savaient le français assez pour aider les autres à comprendre mes consignes ?
J’ai donc pris mon courage à deux mains, soulevé d’une main la craie (c’est dire si j’étais musclé) et j’ai écrit mon nom au tableau en l’épelant : B-A-P-T-I-S-T-E
Et lorsque j’ai entendu derrière moi 9 petites voix répéter ces 8 lettres, certaines sur le ton de la question et d’autre sur le ton de la victoire, j’ai su que de cette journée je n’oublierai rien. Et que je venais de mettre K.O mes peurs d’un magnifique « coup de la corde à linge ».
Alors quand je me retrouve devant tous ces petits yeux pleins de questions et que la première est toujours celle du nom je me dis qu’il n’y a pas de raison pour que les réponses aux questions qui suivront ne soient pas aussi simple à donner.
Au fond de nous on est surement tous un peu sur un ring, petits catcheurs se débattant avec des adversaires qu’on s’invente. C’est du théâtre tout ça, il n’y a pas de risque de chutes ni de blessures, que la peur du public.
- My name is Baptiste !
Je suis dans un petit village perdu dans les montagnes, entouré d’une douzaine d’enfants tadjiks entre 4 et 10 ans et je me revois devant ma première classe à Genève, où 9 petites paires d’yeux m’observaient à l’entrée de leur salle de classe. Comme j’ai pu avoir peur ce jour-là, peur de les décevoir, de les laisser sans réponses dans un monde qui en demande tant, ces 9 paires d’yeux qui avaient mille questions, mille pourquoi sur le bout des cils.
Je devais pendant 1 journée, une toute petite journée, être celui qui ne doute pas, qui répond fermement, je devais être un exemple moi qui me sentais si désarmé.
Ma confiance en moi avait un coup dans l’aile et ma bouche se faisait aussi sèche qu’un jour de grand vent. Il fallait alors dire quelque chose, commencer quelque part, leur donner une première réponse à eux si avides de paroles, me fixant, perdus de ne pas reconnaître le sourire de leur maitresse habituelle.
- Je m’appelle Baptiste, et je remplace votre maitresse pour 1 journée.
Deux réponses, ouf, les yeux s’éclairent, une main timide se lève et un courageux demande :
- Baptista ? Comme le catcheur ?
Je souris. Oui comme le catcheur. Excepté qu’actuellement je donnerais n’importe quoi pour être à la place de ce bon vieux Baptista sur un ring où tout est théâtre et mise en scène plutôt qu’ici ou mon adversaire est ma peur et où vous, petits catcheurs en herbe, vous avez dans les yeux quelque chose de bien plus impressionnant que l’agressivité feinte des lutteurs bodybuildés en slips violets et cagoules.
Comme j’aimerais te revoir dans une quinzaine d’année, toi petite tête brune au premier rang, demandant crânement si j’étais catcheur, te revoir et te remercier. Pour m’avoir permis de donner une première réponse si simple, articulée en quelques mots et me réfugier dans l’humour là où je me voyais déjà devoir répondre aux questions existentielles qui vous animaient probablement déjà sans le savoir.
- Oui comme le catcheur, sauf que moi ça ne s’écrit pas avec « a » à la fin et que comme tu peux le voir j’ai troqué mes habits de catch contre ce pull et se pantalon parce que aujourd’hui mon rôle à moi c’est de vous aider de mon mieux.
- Ouaaah ! Vraiment ?
- Qu’en penses-tu, j’ai vraiment l’air d’un catcheur ?
(reflexion intense)
- Non tu as l’air gentil… et t’es moins musclé.
Sais-tu, toi dont j’ai oublié le nom alors que tu me le demandais, que tu as été mon sauveur dans cette classe où, sur les 9 que vous étiez, seul 2 savaient le français assez pour aider les autres à comprendre mes consignes ?
J’ai donc pris mon courage à deux mains, soulevé d’une main la craie (c’est dire si j’étais musclé) et j’ai écrit mon nom au tableau en l’épelant : B-A-P-T-I-S-T-E
Et lorsque j’ai entendu derrière moi 9 petites voix répéter ces 8 lettres, certaines sur le ton de la question et d’autre sur le ton de la victoire, j’ai su que de cette journée je n’oublierai rien. Et que je venais de mettre K.O mes peurs d’un magnifique « coup de la corde à linge ».
Alors quand je me retrouve devant tous ces petits yeux pleins de questions et que la première est toujours celle du nom je me dis qu’il n’y a pas de raison pour que les réponses aux questions qui suivront ne soient pas aussi simple à donner.
Au fond de nous on est surement tous un peu sur un ring, petits catcheurs se débattant avec des adversaires qu’on s’invente. C’est du théâtre tout ça, il n’y a pas de risque de chutes ni de blessures, que la peur du public.