Sofia, il pleut pour la première fois depuis presque un mois. Je me souviens comme j'ai pu haïr la météo des semaines qui ont suivies mon départ et comme j'en viens aujourd'hui à apprécier cette pluie qui rafraîchit un peu l'air et fait baisser la température.
Je pense à Arthur et à nos galères, je pense au chemin parcouru depuis "les-paysages-qui-ressemblent-au-gros-de-Vaud" et je ri tout seul.
Ma route m'a conduit depuis la côte à travers le Monténégro, la Serbie et maintenant la Bulgarie, à me frotter tantôt aux routes montagneuses, tantôt aux conducteurs fous et, depuis peu, aux chiens errants que j'attendais avec pas mal d'appréhension.
Peu avant la frontière monténégrine je croise venant en sens inverse un groupe de deux cyclos voyageurs. Leurs vélos ont l'air d'avoir vécus, je comprends vite qu'il ne sont pas parti dans la semaine. Nous échangeons, en français, quelques conseils sur la route à suivre puis, petit à petit je comprends qu'il ne sont que l'avant garde d'une vraie petite troupe de voyageurs.
C'est alors que déboulent 4 filles, les vélos décorés de mille ornements glanés sur la route. Leurs drapeaux Kirghizes, poupées de laines et autres clochettes me font voyager un peu le long de cette route que j'ai encore à parcourir.
"Voilà les filles, les autres ne doivent pas être loin" me glissent les deux éclaireurs avec malice.
Les autres ? 7 autres voyageurs de divers âges et nationalités ! Les 13 ensemble se sont "les Zarmalouloux" rassemblés en une vraie petite famille, 4 ans sur la route pour les plus anciens. On se présente, se fait la bise ("chez nous c'est trois" habituel) on discute devant la carte dépliés commentant ici une côte, là les dangers de la route et c'est déjà le moment de repartir.
Un petit pincement au coeur on replie la carte et ce sont à nouveau les coups de pédales qui dictent le rythme cardiaque. "Bonne route ! Salue le Tadjikistan pour nous !"
Je promets, souris puis me détourne, reprenant ma route. Je me sens seul.
Un point positif demeure, un jeune français est devant moi avec 1 jour d'avance. Je presse le pas, peut être arriverais-je à le rejoindre !
Quelques kilomètres plus loin j'entre au Monténégro, les paysages changent, les vallées se creusent et les reliefs se durcissent. A l'instinct, c'est à Boka que je décide de m'arrêter pour visiter une école. Une fois entré dans le préau je suis rapidement entouré d'enfants de tous les âges qui se pressent autours de mon vélo. Deux trois mots, des signes et me voilà en face de la professeur d'anglais de l'école et de la pédagogue un café turc dans les mains, un sourire aux lèvres.
Je passe une heure et demi avec un groupe d'une dizaine d'enfants de 5 à 13ans, seul. Ce n'est définitivement pas la même rigidité qu'en Allemagne !
Je tente tant bien que mal de leur expliquer mon projet, et suis obligé d'utiliser la comparaison d'un grand village de dessins...ni une ni deux je reçois en quelque coups de crayons ...un terrain de football !
Ben oui... un village sans terrain de football ce serait pas vraiment un village !
A Kotor, les paysages sont incroyables, je suis tout juste en train d'entamer la montée du col, décidé à camper des que la fatigue se fera sentir, lorsqu'un vieil homme en marcel me barre le chemin: "Not good ! Too much montagna !"
J'éclate de rire et tente de lui expliquer que le tunnel qu'il me propose d'emprunter n'est pas du tout rassurant pour moi, rien à faire il n'en démord pas "Too much montagna"... Puis, les mots magiques : Les montagnes j'en verrai d'autres je vais au Tadjikistan. Son regards change d'un coup, il secoue la tête l'air de dire "alors je ne peux plus rien pour toi" et me laisse repartir avec une tape amicale (et peut-être aussi de pitié) sur l'épaule.
Je repars donc de plus belle bien décidé à rejoindre le français. C'est chose faite 3 minutes plus tard, pas plus de 300m plus loin dans un virage j'aperçois son campement !
Tibo voyage seul depuis Toulouse vers la Grèce, nous passons donc la soirée ensemble et grimpons les 30km de montée avant la descente sur Podgorica. Nous nous quittons à Cetinje où il décide de s'arrêter pour la nuit. Une chance de l'avoir rattraper, mon moral est de nouveau haut !
Je pense à Arthur et à nos galères, je pense au chemin parcouru depuis "les-paysages-qui-ressemblent-au-gros-de-Vaud" et je ri tout seul.
Ma route m'a conduit depuis la côte à travers le Monténégro, la Serbie et maintenant la Bulgarie, à me frotter tantôt aux routes montagneuses, tantôt aux conducteurs fous et, depuis peu, aux chiens errants que j'attendais avec pas mal d'appréhension.
Peu avant la frontière monténégrine je croise venant en sens inverse un groupe de deux cyclos voyageurs. Leurs vélos ont l'air d'avoir vécus, je comprends vite qu'il ne sont pas parti dans la semaine. Nous échangeons, en français, quelques conseils sur la route à suivre puis, petit à petit je comprends qu'il ne sont que l'avant garde d'une vraie petite troupe de voyageurs.
C'est alors que déboulent 4 filles, les vélos décorés de mille ornements glanés sur la route. Leurs drapeaux Kirghizes, poupées de laines et autres clochettes me font voyager un peu le long de cette route que j'ai encore à parcourir.
"Voilà les filles, les autres ne doivent pas être loin" me glissent les deux éclaireurs avec malice.
Les autres ? 7 autres voyageurs de divers âges et nationalités ! Les 13 ensemble se sont "les Zarmalouloux" rassemblés en une vraie petite famille, 4 ans sur la route pour les plus anciens. On se présente, se fait la bise ("chez nous c'est trois" habituel) on discute devant la carte dépliés commentant ici une côte, là les dangers de la route et c'est déjà le moment de repartir.
Un petit pincement au coeur on replie la carte et ce sont à nouveau les coups de pédales qui dictent le rythme cardiaque. "Bonne route ! Salue le Tadjikistan pour nous !"
Je promets, souris puis me détourne, reprenant ma route. Je me sens seul.
Un point positif demeure, un jeune français est devant moi avec 1 jour d'avance. Je presse le pas, peut être arriverais-je à le rejoindre !
Quelques kilomètres plus loin j'entre au Monténégro, les paysages changent, les vallées se creusent et les reliefs se durcissent. A l'instinct, c'est à Boka que je décide de m'arrêter pour visiter une école. Une fois entré dans le préau je suis rapidement entouré d'enfants de tous les âges qui se pressent autours de mon vélo. Deux trois mots, des signes et me voilà en face de la professeur d'anglais de l'école et de la pédagogue un café turc dans les mains, un sourire aux lèvres.
Je passe une heure et demi avec un groupe d'une dizaine d'enfants de 5 à 13ans, seul. Ce n'est définitivement pas la même rigidité qu'en Allemagne !
Je tente tant bien que mal de leur expliquer mon projet, et suis obligé d'utiliser la comparaison d'un grand village de dessins...ni une ni deux je reçois en quelque coups de crayons ...un terrain de football !
Ben oui... un village sans terrain de football ce serait pas vraiment un village !
A Kotor, les paysages sont incroyables, je suis tout juste en train d'entamer la montée du col, décidé à camper des que la fatigue se fera sentir, lorsqu'un vieil homme en marcel me barre le chemin: "Not good ! Too much montagna !"
J'éclate de rire et tente de lui expliquer que le tunnel qu'il me propose d'emprunter n'est pas du tout rassurant pour moi, rien à faire il n'en démord pas "Too much montagna"... Puis, les mots magiques : Les montagnes j'en verrai d'autres je vais au Tadjikistan. Son regards change d'un coup, il secoue la tête l'air de dire "alors je ne peux plus rien pour toi" et me laisse repartir avec une tape amicale (et peut-être aussi de pitié) sur l'épaule.
Je repars donc de plus belle bien décidé à rejoindre le français. C'est chose faite 3 minutes plus tard, pas plus de 300m plus loin dans un virage j'aperçois son campement !
Tibo voyage seul depuis Toulouse vers la Grèce, nous passons donc la soirée ensemble et grimpons les 30km de montée avant la descente sur Podgorica. Nous nous quittons à Cetinje où il décide de s'arrêter pour la nuit. Une chance de l'avoir rattraper, mon moral est de nouveau haut !
L'arrivée à Podgorica donne lieu à une jolie anecdote, en plein centre ville je me fais interpeller par un "Eh mon ami !" de la part d'un jeune rom d'une dizaine d'années, mendiant dans la rue.
Je lui réponds joyeusement me disant que rien ne sert de retomber dans la grisaille et les moues genevoises habituelles en l'ignorant.
Bien m'en a pris ! Ce dernier m'aide pendant une après midi à trouver internet et auberge de jeunesse, insistant pour me payer un sandwich avec les 2 euros glanés dans la journée. J'ai beau lui proposer de prendre une boisson à une terrasse avec moi pour le remercier il refuse catégoriquement de recevoir quoique ce soit venant de moi.
Hassan, m'explique qu'il vit dans le camp de réfugiés à côté de la centrale de traitement des déchets où survivent tant bien que mal plus de 1500(!) roms du Kosovo. Ils sont de nombreux enfants dans la même situation que lui à avoir voyagé aux quatre coins de l'Europe, cherchant du travail où ils peuvent et mendiant pour pouvoir manger. L'enfant que j'ai en face de moi à déjà un réalisme redoutable, lorsqu'il ouvre la bouche c'est un adulte qui s'exprime. Au fil du récit des émigrations et des renvois, le visage d'Hassan se fait de plus en plus dur, se ferme, son regard se perd dans le vague. Seul sa mémoire franchit les frontières comme je les franchis avec mon passeport suisse. A 10 ans il parle déjà 5 langues couramment mais n'est nul part chez lui.
Nous nous quittons à la porte de l'auberge dans une accolade fraternelle, qui ébrèche encore un peu plus le mur de mes appréhensions.
Bientôt, j'espère, je serai capable d'aller vers l'autre sans devoir me battre contre mes préjugés.
Je repars de Podgorica le lendemain pour les montagnes du Monténégro, les premiers kilomètres sont durs et je décide après une grosse journée de prendre un bus pour arriver à Nis en Serbie le soir même.
Trouver une auberge (ou même le centre de Nis) à 23h n'est pas chose simple mais les jeunes serbes sont très serviables et toujours prêts à donner un coup de main ! Ce n'était pourtant pas gagné en entendant le "No english" grommelé dans un nuage de fumée acre par l'homme-poisson de l'aquarium qui sert de stand d''information à la gare routière.
Sofia ! (je saute le récit des 180 km de route nationale entre Nis et Sofia, ce texte est déjà beaucoup trop long)
J'aborde au hasard les jeunes dans la rues et tombe sur un couple d'artistes, lui Sofiote, elle Autrichienne, qui se sont rencontrés en bossant sur un projet en Autriche et venus à Sofia pour une semaine. Je passe l'après midi avec eux et il m'emmène à l'auberge de jeunesse, une vieille bâtisse dissimulée dans une cour intérieur. L'ambiance est incroyable, je réserve pour 3 jours et j'y attendrai Roxane, la voyageuse française rencontrée sur internet.
Le lendemain une incroyable surprise m'attends, un couple cyclos genevois, est arrivé à l'auberge !
Alban et Jessica vont dans le même sens que moi, nous prévoyons de faire le trajet jusqu'à Istanbul ensemble en partant le 6 au matin.
Roxane arrive le lendemain et nous nous retrouvons tous pour la soirée chez ses amis de l'université en erasmus à Sofia. Cela faisait longtemps que je n'avais pas passé une si bonne soirée, ils sont tous géniaux et nous rentrons à 3h du matin avec une certitude, nous allons bien rire pendant ces étapes !
Le moral est au beau fixe, prochain arrêt Istanbul aux portes de l'orient !
Roxane devrait continuer avec moi en Turquie, la solitude semble désormais derrière et devant la route est encore longue et belle.
Je lui réponds joyeusement me disant que rien ne sert de retomber dans la grisaille et les moues genevoises habituelles en l'ignorant.
Bien m'en a pris ! Ce dernier m'aide pendant une après midi à trouver internet et auberge de jeunesse, insistant pour me payer un sandwich avec les 2 euros glanés dans la journée. J'ai beau lui proposer de prendre une boisson à une terrasse avec moi pour le remercier il refuse catégoriquement de recevoir quoique ce soit venant de moi.
Hassan, m'explique qu'il vit dans le camp de réfugiés à côté de la centrale de traitement des déchets où survivent tant bien que mal plus de 1500(!) roms du Kosovo. Ils sont de nombreux enfants dans la même situation que lui à avoir voyagé aux quatre coins de l'Europe, cherchant du travail où ils peuvent et mendiant pour pouvoir manger. L'enfant que j'ai en face de moi à déjà un réalisme redoutable, lorsqu'il ouvre la bouche c'est un adulte qui s'exprime. Au fil du récit des émigrations et des renvois, le visage d'Hassan se fait de plus en plus dur, se ferme, son regard se perd dans le vague. Seul sa mémoire franchit les frontières comme je les franchis avec mon passeport suisse. A 10 ans il parle déjà 5 langues couramment mais n'est nul part chez lui.
Nous nous quittons à la porte de l'auberge dans une accolade fraternelle, qui ébrèche encore un peu plus le mur de mes appréhensions.
Bientôt, j'espère, je serai capable d'aller vers l'autre sans devoir me battre contre mes préjugés.
Je repars de Podgorica le lendemain pour les montagnes du Monténégro, les premiers kilomètres sont durs et je décide après une grosse journée de prendre un bus pour arriver à Nis en Serbie le soir même.
Trouver une auberge (ou même le centre de Nis) à 23h n'est pas chose simple mais les jeunes serbes sont très serviables et toujours prêts à donner un coup de main ! Ce n'était pourtant pas gagné en entendant le "No english" grommelé dans un nuage de fumée acre par l'homme-poisson de l'aquarium qui sert de stand d''information à la gare routière.
Sofia ! (je saute le récit des 180 km de route nationale entre Nis et Sofia, ce texte est déjà beaucoup trop long)
J'aborde au hasard les jeunes dans la rues et tombe sur un couple d'artistes, lui Sofiote, elle Autrichienne, qui se sont rencontrés en bossant sur un projet en Autriche et venus à Sofia pour une semaine. Je passe l'après midi avec eux et il m'emmène à l'auberge de jeunesse, une vieille bâtisse dissimulée dans une cour intérieur. L'ambiance est incroyable, je réserve pour 3 jours et j'y attendrai Roxane, la voyageuse française rencontrée sur internet.
Le lendemain une incroyable surprise m'attends, un couple cyclos genevois, est arrivé à l'auberge !
Alban et Jessica vont dans le même sens que moi, nous prévoyons de faire le trajet jusqu'à Istanbul ensemble en partant le 6 au matin.
Roxane arrive le lendemain et nous nous retrouvons tous pour la soirée chez ses amis de l'université en erasmus à Sofia. Cela faisait longtemps que je n'avais pas passé une si bonne soirée, ils sont tous géniaux et nous rentrons à 3h du matin avec une certitude, nous allons bien rire pendant ces étapes !
Le moral est au beau fixe, prochain arrêt Istanbul aux portes de l'orient !
Roxane devrait continuer avec moi en Turquie, la solitude semble désormais derrière et devant la route est encore longue et belle.